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Actualité - 1 avr. 2019

Déforestation et gestion de la faune: les éléphants sont-ils attirés par les zones récemment déforestées?

Les zones que les éléphants affectionnent le plus sont celles qui ont été défrichées «récemment» et se composent d'agriculture itinérante et de forêt en régénération, augmentant ainsi les conflits homme/éléphant.

Participation au Colloque International "Habitats Forestiers et Forêts habitées" au Domaine national de Chambord (France), les 26 et 27 mars 2019 (https://living-forests.sciencesconf.org/) où ont été présentés les résultats obtenus jusque-là sur le lien entre déforestation et déplacement des éléphants : les éléphants sont attirés par les recrues forestières et les champs, augmentant les risques de conflits homme/éléphant. Le travail vise à actualiser les résultats et interprétations avec les nouvelles données de déplacements d'éléphants et d'occupation du sol, devant aboutir à une publication scientifique ainsi qu'une présentation au World Congress de l'IUFRO (International Union of Forest Research Organizations) au Brésil en septembre 2019.

Le résumé ci-dessous et la présentation en pièce-jointe.

La déforestation est une cause majeure du déclin de la faune sauvage dans les écosystèmes tropicaux. La conversion de forêts matures en champscultivés laisse derrière des terres en jachère avec une végétation secondaire. Paradoxalement, la repousse des forêts secondaires qui fournit un fourrage abondant par rapport aux forêts matures peut profiter à certaines espèces comme l'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana), mais elles attirent également les communautés humaines et leur culture soulève des problèmes de conservation. L'étude a été menée dans la réserve nationale du Gile, au Mozambique, une zone protégée non clôturée composée de forêts de Miombo. Parmi les 60 éléphants restants dans la réserve, 5 individus ont été équipés de colliers GPS en 2014 en 2016. La déforestation a été suivie par télédétection de 1990 à 2016 et une carte de la productivité forestière a été construite. Pour tester notre hypothèse, nous avons modélisé les fonctions de sélection des ressources en utilisant les données GPS.

Les éléphants passent environ la moitié de leur temps dans la zone centrale et la moitié dans la zone tampon, où se produit la plus grande partie de la déforestation. Les éléphants ne préfèrent ni n'évitent les habitats forestiers primitifs défrichés entre 1990 et 2005. Ils préfèrent les zones défrichées en 2005 où la repousse forestière a eu lieu depuis 2009. Les zones qu'ils affectionnent le plus ont été défrichées entre 2010 et 2013 et étaient en culture au cours de l'étude. L'agriculture itinérante entraîne donc le déplacement des éléphants vers les champs cultivés et vers les zones de régénération forestière, augmentant ainsi les conflits homme/éléphant. Cette stratégie de sélection des ressources soulève également des questions de conservation liées à la gestion de la réserve visant à réduire la déforestation. La diversité des habitats doit être maintenue et la sélection des ressources liée à la dynamique de la végétation doit être mieux comprise.