Occupation et usage des terres de la Région de la Mé, Côte d’Ivoire : la déforestation continue, mais les efforts de conservation commencent à porter leurs fruits

Une étude réalisée dans le cadre du Projet PRM2 (Préserver la biodiversité de Mabi-Yaya & Renforcer le développement socio-économique de la Mé) par l’équipe de Nitidæ est aujourd’hui publiée. L’étude vise à analyser à la fois l’état actuel de l’occupation et de l’usage des terres en 2022 et leurs changements récents sur les 6 dernières années dans la région de la Mé.

Dynamique de l’occupation et de l’usage des terres dans la région de la Mé en 2016, 2019 et 2022

Résultats

Les résultats de la cartographie de l’occupation et de l’usage des terres dans la région de la Mé en 2022 révèlent que les formations forestières (forêts denses, forêts galeries et forêts secondaires) ont régressé de 2016 à 2022, passant de 407 308 ha en 2016 à 362 697 ha en 2019 puis à 335 837 ha en 2022. Les taux annuels de déforestation sont de 3,87% sur la première période (2016-2019) et de 2,56% sur la seconde période (2019-2022). Malgré une déforestation qui continue, le taux annuel a donc néanmoins été réduit de plus de 30%, témoignant des multiples efforts déployés dans la région de la Mé en matière de préservation des écosystèmes forestiers. Cela s’explique en particulier par la création fin 2019 de la Réserve Naturelle de Mabi-Yaya où le taux annuel de déforestation a été fortement réduit, passant de 1,55% (2016-2019) à 0,59% (2019-2022), soit plus de 60% de ralentissement de la déforestation.

Les principaux facteurs directs de la déforestation et de la dégradation forestière dans la région de la Mé sur les périodes 2016-2019 et 2019-2022 sont les cultures pérennes de cacao-café et d’hévéa. En effet, ces cultures sont les plus pratiquées dans la région dont les superficies avoisinent 225 000 ha pour le cacao-café et 78 000 ha pour l’hévéa en 2022. Ces deux cultures sont à l’origine de la disparition de plus de 20% des forêts dégradées ou secondaires sur la période 2019 à 2022. Et la culture de cacao-café reste la cause principale de la déforestation dans la Réserve Naturelle Mabi-Yaya entre 2016 et 2022.

Carte d’occupation du sol de la Réserve Naturelle Mabi-Yaya en : A/ 2016, B/ 2019 et C/ 2022. Pour consulter la carte en Haute Définition, veuillez utiliser le visualisateur en ligne

Action de Nitidæ

Travaillant dans la Région de la Mé depuis 2016 (Projets PRM puis PRM2), en particulier en périphérie de la Réserve Naturelle de Mabi-Yaya, Nitidæ se réjouit de ce ralentissement important de la déforestation, malgré les pressions anthropiques importantes qui persistent. Pour minimiser ces pressions, Nitidæ continue d’intervenir dans les domaines du cacao et de l’hévéa pour stopper le front pionnier, dans le domaine forestier, et dans les domaines de la banane et du manioc pour assurer la sécurité alimentaire des populations. Depuis 2016, quinze villages périphériques ont été accompagnés pour rédiger leur plan de développement local et pour financer des infrastructures sociales de base. Pour assurer préservation de la Réserve Naturelle de Mabi-Yaya et développement local des populations riveraines, Nitidæ travaille étroitement avec ses partenaires l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), gestionnaire de la Réserve, et le Conseil Régional de la Mé, pour l’aménagement du territoire.

Evolution des formations forestières denses dans la Réserve Naturelle Mabi-Yaya sur la période Janvier 2016 à Janvier 2022. Pour consulter la carte en Haute Définition, veuillez utiliser le visualisateur en ligne ou télécharger les données

Méthodologie

Cette étude se base sur des activités de cartographie précédemment réalisées pour les années 2016 et 2019 dans le cadre du projet REDD+ de la Mé (PRM). Ces cartes ont été actualisées ici avec une nouvelle cartographie de l’occupation du sol en 2022. La méthode reprend les mêmes outils que ceux utilisés précédemment, notamment l’utilisation du Système National de Classification des Terres et l’utilisation d’un algorithme d’apprentissage machine puissant. Elle apporte cependant quelques innovations méthodologiques à travers l’utilisation d’images Planet, notamment pour combler le manque de données Sentinel 2 exploitables et utilisant le même mois de référence pour les 3 années pivots (Janvier). Comme pour les études précédentes, la calibration et la validation de la cartographie a été réalisée à travers des campagnes de terrain, acquisition d’images drone et observation des images satellites très haute résolution indépendantes des images traitées. Avec trois dates analysées, cette étude permet d’aborder de manière très précise les dynamiques spatio-temporelles entre 3 périodes, 2016-2019, 2019-2022 et 2016-2022, mettant en lumière des phénomènes d’accélération et ralentissement de certains changements. La méthodologie développée dans cette étude, par son potentiel de déploiement à grande échelle et à moindre coût, sera valorisée à travers les activités de la « Cellule Verte » du Conseil Régional de la Mé et pourrait grandement intéresser les structures en charge du développement d’un système de Surveillance Spatiale des Terres (SST) et appuyer les politiques de développement durables.

Image animée de l'occupation du sol de la partie sud de la Réserve Naturelle de Mabi-Yaya en: A/ 2016, B/ 2019 et C/ 2022

Citation

Ouattara T.A., Grinand C., Garnier B., Lapeyre R., Vergnes V. (2023). État des terres de la région de la Mé entre 2016 et 2022. Nitidæ, 40p. https://doi.org/10.5281/zenodo.7903157

Accès aux données

Téléchargement: https://doi.org/10.5281/zenodo.7903157
Consultation en ligne: http://vps-52ff0907.vps.ovh.net:8090/index.php/view/map/?repository=prm&project=Etats_des_Terres_en_2022