Participation à la 60ème conférence de l’Association pour la Conservation de la Biodiversité Tropicale (ATBC 2024)
Claire AUGER, doctorante CIFRE Nitidæ / Muséum National d’Histoire Naturelle, a représenté l’initiative One Forest Vision à la conférence de l’Association pour la Conservation de la Biodiversité Tropicale (en anglais Association for Tropical Biodiversity Conservation, ATBC) à Kigali, au Rwanda, du 14 au 18 juillet 2024, où elle a présenté ses recherches réalisées dans la zone pilote de Sebitoli, en Ouganda.
Ce colloque annuel rassemblait 400 chercheurs, universitaires et acteurs du monde entier travaillant pour la conservation de la biodiversité tropicale des bassins amazoniens, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est. Cette année, pour l’occasion du 60ème anniversaire, le thème "Réaliser une science inclusive pour une conservation, une adaptation et une résilience efficaces dans les tropiques" a mis l’accent sur l’importance d’inclure des voix diverses au cœur des thématiques et des enjeux de la conservation.
Au cours de sa présentation orale "Promoting agricultural practices that conserve biodiversity by the creation of the Elephant Friendly and Chimpanzee Friendly labels", Claire a pu présenter ses recherches associées à la création des deux nouveaux labels Wildlife Friendly pour la nouvelle filière thé que le Muséum et le Sebitoli Chimpanzee Project mettent en place dans le cadre du projet "Forêt-Faune-Population en Ouganda" autour de la zone nord du parc national de Kibale, en Ouganda, avec l’assistance technique de Nitidæ. La thèse de Claire a pour objectif d’évaluer la pertinence de labels utilisant les espèces "chimpanzés" et "éléphants" comme espèces parapluies pour favoriser la production durable de thé participant à la connectivité des paysages pour la biodiversité.
Un champ de thé bordant la forêt à Sebitoli en Ouganda
Grace à l’analyse d’images de camera-traps collectées par le Sebitoli Chimpanzee Project, Claire a pu étudier les paramètres environnementaux et anthropiques expliquant la répartition des 30 espèces animales les plus observées dans la forêt de Sebitoli, ainsi que les patterns de co-occurrences entre espèces. La couverture végétale est le facteur environnemental expliquant le plus la répartition des espèces. Les chimpanzés sont co-occurrents avec 23 espèces, justifiant son utilisation comme espèce parapluie pour les labels, tandis les éléphants sont co-occurrents avec 12 espèces. Le paramètre anthropique impactant le plus la répartition de la biodiversité est le nombre de pièges, de type collets, observés et détruits par le Sebitoli Chimpanzee Project dans le milieu. Au vu du nombre de mutilations dues aux collets observées chez les chimpanzés et les éléphants, le cahier des charges des futurs labels devra inclure une forte composante de lutte anti-braconnage. Le désamorçage de pièges, associé à des actions de sensibilisation, sont des exemples d’actions de conservation qui bénéficient aux deux espèces en danger d’extinction ainsi qu’à de nombreuses autres espèces de leur milieu.
Campagne de terrain comprenant des relevés de la faune
Le colloque fut l’occasion pour Claire d’enrichir sa compréhension des défis de la conservation et de la recherche en biologie tropicale par des échanges avec des acteurs de différents parcours et différentes cultures. Nous remercions l’initiative One Forest Vision et le Muséum pour leur soutien financier.