Quel est l'impact des cultures de rente sur les forêts du Sud-Est de la Côte d'Ivoire (ancienne boucle du cacao)?
Une étude réalisée dans le cadre du projet REDD+ de la Mé (PRM) par l’équipe de Nitidæ et leur partenaire du Secrétariat Permanent de la REDD+ (SEP-REDD+), a été publiée récemment dans la revue Bois et forêts des tropiques.
Cette étude traite d’une analyse interannuelle et récente de la déforestation en Côte d’Ivoire à travers une évaluation spatialisée des causes et impacts des cultures de rente. Elle s’inscrit dans un contexte de dynamique de déforestation et de dégradation forestière importante dans l’ancienne boucle du cacao (Sud-Est de la Côte d’Ivoire).
Arbres dévitalisés à la suite de l’installation de la culture du cacao dans la forêt classée de la Bossématié (vue vers le haut montrant la disparition du feuillage).
Cette étude est le fruit de plusieurs années de travail initiée dans le cadre du projet REDD+ de la Mé (PRM) en 2016. Elle visait à évaluer les changements d’occupation et d’usage des terres en particulier les dynamiques de déforestation et de dégradations forestières dans trois régions du Sud-Est de la Côte d’Ivoire (Régions de la Mé, du Sud-Comoé et de l’Indénié-Djuablin), entre 2016 et 2019. La méthodologie développée s’appuie sur les images satellites Sentinel-2, l’algorithme Random Forests et un effort important de collecte de données d’apprentissage en 16 catégories d’occupation et d’usage des terres. La finalité de ces travaux est d’apporter de nouvelles connaissances afin de contribuer à la gestion durable des terres et la lutte contre les défrichements illégaux dans les forêts classées et les aires protégées de la Côte d’Ivoire.
Cartes d’occupation et d’usage des terres et diagrammes de répartition des types d’usage des terres en 2016 et en 2019 dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire (Régions de la Mé, du Sud-Comoé et de l’Indénié-Djuablin)
L’étude montre que l’extension des cultures de rente (cacao-café, hévéa et palmier à huile), des cultures et jachères non différenciées ainsi que des infrastructures (habitations et routes), a conduit à un taux de déforestation de 4,95% par an sur la période étudiée. Cette étude apporte un nouvel éclairage et une quantification des usages de sol post-défrichements, notamment l'impact des cultures de rente. Elle souligne également l'importance des formations secondaires dans le paysage (anciennes cacaoyères abandonnées) et leurs conversions récentes vers d'autres cultures notamment l’hévéa.
Analyse des conversions forestières entre 2016 et 2019 concernant : A. les formations forestières denses ; B. les forêts dégradées ou secondaires
Les réflexions en cours sur les choix techniques, dans le cadre de la surveillance spatiale des terres (SST), pourraient bénéficier des enseignements tirés de la présente étude. En premier lieu, les résultats de ces travaux démontrent qu’il est possible, avec des niveaux d’incertitudes satisfaisants, de détecter la déforestation des forêts dégradées et secondaires en plus des forêts denses. Cela permettrait d’affiner notablement le Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) transmis par la Côte d’Ivoire à la Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).
Le résumé de l’étude est présenté ci-dessous et l’article est disponible en bas de page.