Soutenance de thèse sur les dynamiques de dégradation des terres et opportunités de restauration des paysages forestiers au Mozambique
La présentation et le travail de recherche de Frédérique ont été largement et unanimement reconnu par tous les membres du jury pour leur clarté, leur qualité, grande importance dans la lutte contre la dégradation des terres au Mozambique. Les travaux de recherche de Frédérique portent sur les "Dynamiques des paysages forestiers au Mozambique : Étude de l’écologie du Miombo pour contribuer aux stratégies de restauration des terres dégradées". Les connaissances acquises et la méthodologie développée ouvrent de nouvelles perspectives pour améliorer la planification de la restauration des terres forestières dans l'un des principaux écosystèmes de forêt sèche du monde.
Paysage forestier type du Miombo (Parc National de Gilé)
Méthodologie et résultats
La thèse avait pour objectif d'analyser les dynamiques, les caractéristiques et les déterminants de l’évolution des paysages forestiers afin d’alimenter les stratégies de restauration des terres dégradées au Mozambique. Cette étude s’est particulièrement intéressée à i) comprendre les facteurs de dégradation des terres à l'échelle nationale, ii) évaluer la résilience de l’écosystème du Miombo dans les systèmes d’agriculture sur brûlis dans la région centrale du pays (Zambézie), et iii) proposer une approche pour identifier les zones potentielles de restauration des paysages forestiers à partir des connaissances acquises. Des analyses de séries temporelles satellitaires (indices de végétation et variables climatiques) ont permis de documenter l’état des terres à l’échelle nationale et quantifier les facteurs de dégradation et régénération des terres. Les résultats montrent que 25 % du pays ont subi une baisse significative de la productivité de la végétation et qu’une grande partie de ces changements (61 %) est directement attribuée aux activités humaines telles que la dégradation des forêts et la déforestation, principalement liée à l’agriculture sur brûlis.
Distribution spatiale des principaux facteurs de diminution de la productivité de la végétation au Mozambique
Des inventaires floristiques, pédologiques et des enquêtes de terrain ont été menés en périphérie du Parc National de Gilé afin d’analyser les dynamiques de régénération forestière après défriche-brûlis et l’impact des cycles répétés de culture-jachère. Les résultats montrent que le Miombo a une grande capacité de régénération en termes de diversité d'espèces ligneuses et de propriétés du sol après une perturbation de faible intensité et de courte durée. La richesse spécifique, la diversité et les propriétés du sol se rétablissent après 20-25 ans d'abandon. Cependant, ces perturbations ont un effet à long terme sur la composition des espèces et la structure des peuplements. Il est également constaté un effet de l’intensification de l’agriculture sur brûlis qui modifient la composition spécifique, réduisent la diversité ligneuse et les stocks de carbone organique du sol.
Impact de l'intensité de l’agriculture sur brûlis sur la biodiversité ligneuse et les stocks de carbone dans la biomasse ligneuse et le sol
Ces connaissances issues des études par télédétection et d’inventaires de terrain ont été combinées dans une approche innovante permettant d’identifier les zones prioritaires de restauration et les options de gestion (restauration passive ou active), afin d’améliorer des fonctions du paysage (accumulation de carbone, connectivité des habitats) et renforcer la biodiversité. Cette approche s’appuie sur une analyse multicritère, le développement d’indicateurs spatialisés environnementaux et l'analyse des trajectoires des agrosystèmes à l’échelle régionale.