Surveiller les dynamiques de déforestation sur les hautes terres des monts Namuli
Namuli : un patrimoine national à préserver
Les forêts de Namuli constituent un écosystème qui assure la survie des communautés locales et le développement économique du district de Gurué et de la province de Zambézia. Selon Nitidæ, près de 46 % des forêts de Namuli ont été coupées entre 2000 et 2022 Voir l'étude paysagère réalisée par Nitidæ en 2020.
Cette perte de couvert forestier est due à l'ouverture de nouvelles parcelles agricoles pour la culture de la pomme de terre irlandaise (principale source de revenus des communautés locales). Lorsqu'elles perdent leur productivité, ces parcelles sont laissées en jachère pendant quelques années pour permettre à la fertilité du sol de se régénérer. Cette dynamique explique la présence de zones de végétation secondaire sur les hautes terres de Namuli.
Carte de l'occupation et de l'utilisation des sols des montagnes de Namuli en 2022
L'objectif principal du projet Namuli, que Nitidæ met en œuvre depuis 2019, est de conserver les écosystèmes et la biodiversité des montagnes de Namuli afin de renforcer leur capacité à fournir des services essentiels, d'assurer la poursuite du développement durable de ce territoire et d'améliorer les conditions de vie des communautés locales.
Le projet vise à créer une zone de conservation communautaire dans les montagnes de Namuli. Pour ce faire, Nitidæ utilise son expertise dans les techniques de télédétection et la production de cartes d'utilisation et d'occupation des sols pour suivre l'évolution de la couverture forestière dans la zone centrale des montagnes de Namuli (ensemble des terres situées à plus de 1600m d'altitude, localisées au sein de la courbe en pointillés sur la carte ci-dessous). Ces analyses alimentent des stratégies d'action, telles que la négociation d'accords de conservation et d'activités de restauration de l'écosystème forestier avec les communautés de Namuli.
Carte de l'utilisation et de l'occupation des sols dans les montagnes de Namuli (2022)
En 2022, Nitidæ a réalisé une carte décrivant l’occupation et l’utilisation des sols dans la zone centrale des monts Namuli. Ce travail a permis d’identifier cinq catégories d'occupation du sol dans la zone de travail : des forêts, des prairies, des zones agricoles ou cultivées, des zones de végétation secondaire et des zones à autre couverture (principalement rocheuses). Les statistiques relatives à l'utilisation et à l'occupation des sols sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Statistiques de représentation des différents types de couverture et d’occupation du sol sur la carte (Nitidæ, 2022)
Les zones de forêt encore sur pied couvrent 733 ha et représentent 14,6 % de la zone centrale de Namuli. Il s'agit de forêts avec une canopée fermée d'environ 20-25 mètres de haut (Timberlake et al., 2009). Les zones de végétation secondaire peuvent être des zones naturelles ou partiellement défrichées (anciens champs de pommes de terre) et/ou fréquemment touchées par des incendies. Ces zones couvrent 1928 ha et représentent 38,4 % de la zone centrale. Aujourd'hui, elles sont au cœur des activités de restauration menées avec les communautés locales. Les prairies de montagne couvrent 738 ha (14,7 % de la superficie totale). Elles constituent au même titre que les forêts, des hotspots de biodiversité à préserver. Les terres agricoles identifiées dans la zone centrale (champs de pommes de terre irlandaise actuellement en culture) couvrent une superficie totale de 15 ha. En raison de la petite superficie qu'elles représentent, certaines terres agricoles ont pu passer inaperçues ou être confondues avec des zones de végétation secondaire au cours de l'analyse voir le rapport ici.
Photo d’une parcelle de végétation secondaire dans les hautes terres de Namuli (champ de pommes de terre laissé en jachère pendant au moins un an)
La mise en relation des résultats obtenus en 2022 avec les travaux effectués les années précédentes a permis de retracer l'historique de déforestation dans la zone.
Évolution du couvert forestier et de la déforestation entre 2000 et 2022
L'analyse du taux de déforestation et du couvert forestier au fil des années (voir figure ci-dessus) montre un pic de déforestation entre 2015 et 2018. Depuis 2019, cette tendance s'est réduite, mais reste insoutenable compte tenu de la petite surface de forêt résiduelle (pour rappel 733 ha en 2022).